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" Chaque pierre du mur qui fait le ventre montre qu'elle veut tomber. Et pourtant rien ne chute. Ça reste en suspens, comme ça. Parfois je me mets à attendre et alors je vois devant moi la chute arriver. Ce moment-là, de la chute, pour les pierres, quand elles se défont du mur, c'est celui d'une libération: elles se mettent à rouler toujours plus bas pour aller se faire oublier, se briser, s'éteindre, se diviser au pied d'un talus. Puis, un jour elles seront ramassées; elles resserviront pour faire au autre mur, ailleurs. Puis elles retomberont des siècles après. Ici, voir le mur se défaire est le signe de l'éboulement général de tout: ça se fait sans bruit; ça se fait en même temps que l'écroulement de la maison, du village, de la montage et de tout le reste. Tout va au plus bas des choses, chacune selon leur propre poids. Quand tout s'éboulera, je fuirai, je serai entraîné au plus bas des choses, avec elles. "

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Joël-Claude Meffre - Tique

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